Depuis quelques années, des enseignants de l’École européenne (Berkendael) s’appliquent à donner forme et vie à des espaces potagers et d’ornement à l’intérieur de l’enceinte de l’école. Les objectifs visés consistant à y introduire la plus-value esthétique que représentent naturellement de tels espaces pour toute institution, mais surtout à donner aux enfants la merveilleuse leçon éducative, et tout simplement de vie, que procure un contact direct avec les processus naturels liés à la germination, à la poussée des plantes, à l’apparition de fleurs et de fruits, à l’entretien d’un jardin, à toutes ces tâches qui interviennent dans la réussite d’un espace potager ou d’un jardin d’ornement. Or, pour diverses raisons leurs efforts n’ont pas apporté, jusqu’à cette date, les résultats escomptés. Au vu de la situation, l’une des enseignantes, à qui nous donnons la parole à continuation, a décidé de contacter l’association Semance en vue d’améliorer dans la saison 2024 les chances de réussite du projet.

TROIS QUESTIONS à ANNE JOLY

1. Un partenariat s'est établi entre l'Ecole européenne et l'association semencière citoyenne Semance afin de donner corps à un projet de jardin-potager. Sous quelles circonstances ce partenariat a-t-il vu le jour ?

C’est la suite d’une démarche qui a pu naître grâce à trois institutions qui ont soutenu notre projet initial: Bruxelles Environnement, qui nous a donné un appui financier et pratique et nous a mis en contact avec l’association Tournesol pour des conseils techniques. L’Association des parents, qui nous a donné les subsides pour le matériel indispensable ; mais aussi des volontaires, qui ont apporté leurs compétences et leur disponibilité. Ils ont continué au cours du temps en offrant des arbres fruitiers et en subventionnant le projet de barrières en osier. Enfin, notre École européenne Bruxelles 1- Berkendael, qui nous a fourni le terrain, a fait les analyses et a rassuré les parents. La garderie s’est jointe à ce projet. Pour démarrer l’aventure : élimination du lierre, chasse aux cailloux mais aussi visite d’un lombricompost de quartier… Des chercheurs de l’éducation ont suivi nos démarches pour que ces expériences puissent être partagées. Mais les légumes peinaient à s’épanouir dans cette terre argileuse.

L’association « Quartier durable de St Job » nous a mis en contact avec L’Antirides, maison des jeunes, rencontre qui nous a valu la découverte du Plateau Avijl et ensuite du Potager in the City, dans ce même secteur. Curieuse, j’y ai rencontré un personnage clef : Jacob, de l’association Semance.

2. Comment, en pratique, démarre et se met en place ce partenariat ?

C’est le résultat d’une chaîne humaine. Après avoir vu maman jardiner pour ses six enfants, cette activité me semblait naturelle et facile. Cette transmission du savoir, je l’ai retrouvée dans l’expérience, la simplicité et la patience active de Jacob. Il a très gentiment accepté de nous rendre visite et de nous aiguiller pour alléger la terre, pour délimiter des parcelles à l’aide de barrières en osier, tressées par les enfants, organiser des séances de semis… Enfin, Cyril, éco-jardinier à la commune de Forest, nous fournit du champost, un compost à base de litière à champignons, ainsi que des conseils.

3. Quels sont les objectifs éducatifs et civiques visés par cette initiative ?

Ce travail est réalisé en heures européennes : les différentes sections linguistiques se mélangent pour se connaître à travers plusieurs thèmes au cours de l’année. Oublier un temps les écrans pour découvrir la nature constitue une leçon de sciences et de vie. Les élèves réalisent qu’ils ont besoin des uns des autres : ils apprennent à respecter la nature et à y copier des solutions, observer ses cycles, poursuivre le travail du groupe précédent, s’entraider pour un but commun. Ils expérimentent que le résultat n’est jamais acquis avant la récolte et que l’agitation n’est pas synonyme d’efficacité. C’est aussi une expérience intergénérationnelle qui valorise les grands-parents. Derrière l’aspect ludique du jardinage, se cachent des valeurs fondamentales du citoyen européen. Les enfants réalisent l’impact qu’ils ont sur l’environnement et de quelle manière leurs choix peuvent le modifier. Finalement, bien plus que récolter des légumes, ce potager c’est une aventure citoyenne qui nous fait tous grandir.

WM

Mise au Vert

Avril 2024